Elle le méprisait | Histoires luxuriantes

Elle le méprisait.

Méprisé les mèches de cheveux qui s’échappaient de ses narines, les taches de salive qui ornaient ses lèvres alors que sa bouche grognait pour révéler des pierres tombales tordues exigeant l’attention d’un hygiéniste. Méprisé la vague chauffée de son haleine mûre avec des notes éventées d’alcool et de cigarettes et d’ail. Méprisait le poids de son corps contre ses cuisses, son os pubien, son ventre alors qu’il enfonçait son membre gonflé et insistant dans son con réceptif et en pleurs.

Elle l’avait méprisé quand elle l’avait rencontré pour la première fois il y a tous ces mois et années lunaires. Le méprisait alors qu’ils valsaient à travers les attentes de la cour ; le café, la boisson, le repas, le premier baiser et les étreintes entrelacées de la chair qui ont inévitablement évolué en rut nécessiteux parmi la literie non lavée. Le méprisait alors qu’elle regardait fixement les yeux troubles dans son miroir taché le lendemain matin et utilisait son doigt comme une brosse à dents avant de rentrer chez elle dans la lumière du matin poursuivie par le regret.

Elle détestait les week-ends d’escapade dans des chalets de location, les jours où l’on perdait du sexe et errait pieds nus et soufflé par le vent sur des plages désertes. Des week-ends qui se sont transformés en semaines au soleil dans des destinations étrangères intrigantes mais pas tout à fait exotiques. S’imprégnant d’alcool et de soleil avant de faire glisser sa peau rougeoyante, enduite de sueur et d’après-soleil sur la sienne alors qu’elle grondait son plaisir dans le silence écoeurant nuit après nuit.

Elle méprisait ses amis et sa famille, ses passe-temps et ses centres d’intérêt, ses opinions et la condescendance ricanante avec laquelle il les introduisait dans toutes les conversations, aussi banales soient-elles. Elle méprisait l’étroitesse de son cul, la carrure de son menton, le renflement de son boxer, la rugosité de ses mains sur sa chair hydratée et la facilité savante avec laquelle il écartait ses cuisses et lançait sa chatte de salope trempée jusqu’au point de plaisir avant de la laisser pendre et de demander sa libération.

Elle détestait croire que chaque jour serait le dernier, qu’il n’était qu’une phase, une aventure, un cœur battant et une bite palpitante avec laquelle flâner jusqu’à ce que quelque chose de mieux se produise. Méprisait le fait que ce jour ne soit jamais venu et le méprisait pour les mensonges qu’elle se disait pour rester attachée à la déception.

Elle le méprisait maintenant alors que ses ongles ratissaient son dos, laissant des lignes de tramway brûlant dans sa chair alors qu’elle s’accrochait à lui, le dos arqué, les seins relevés, les talons pressés à l’arrière de ses cuisses alors qu’il s’enfonçait glorieusement dans son désir aveugle.

Le méprisait alors que ses muscles se serraient possessifs à propos de sa longueur lancinante, l’entraînant en elle, désespérée de sentir le fracas de sa tête de bite contre son col de l’utérus alors qu’elle criait, couinait et haletait dans un abandon lubrique. Méprisant ses yeux plissés, son visage rouge, la tension tremblante dans son corps et les exclamations grognant alors que ses hanches cessaient de pousser et qu’elle sentait son humidité masculine jaillir dans son sexe déjà trempé. Elle méprisait son propre orgasme alors qu’il sortait de son cœur pulsant pour submerger sa résistance et la consommer entièrement.

Mais surtout, elle le méprisait pour avoir placé cette bande d’or sur son doigt en ce jour de printemps presque parfait alors qu’elle était perplexe à s’observer parée d’ivoire. Le méprisait pour le corsage structuré, le voile dissimulant et la longue traîne qui cachait ses pieds plaintifs coincés dans des chaussures mal ajustées. Le méprisant pour l’avoir piégée avec des mots d’assentiment prononcés par elle-même alors qu’elle était entourée d’air sanctifié et surveillée par des séraphins et des chérubins, elle marmonna…

« Je le fais »