Déchirement amical | Histoires luxuriantes

Je ne savais pas qu’elle venait à la plage, je pensais être assez loin d’elle. Mon cœur s’emballe à sa vue et ma tête s’emmêle dans mes émotions pour elle. Même si j’aimerais l’embrasser mon amour, elle est loin de moi et elle n’est pas seule mais, plus important encore, elle m’a friend-zoné.

Shelsea est mon amie depuis un an et demi, se liant assez solidement depuis notre première rencontre par le biais du club de lecture. Aucun sujet n’est interdit : la politique, la religion et la sexualité, pour n’en nommer que quelques-uns. Étonnamment, nous aimons parler de ce dernier, exposant bon nombre de nos désirs les plus profonds autour des bières. Notre amitié a évolué avec le temps, se rapprochant de plus en plus, jusqu’à il y a un mois où j’ai dû passer une semaine chez elle pendant que la mienne était rénovée.

Cela n’aurait rien dû changer à notre relation, mais c’est finalement ce qui a conduit à mon état d’esprit actuel. Elle m’a invité à dormir dans son lit mercredi soir. Le plaisir que nous avons partagé était sublime, la découverte de nos corps était électrique, les sentiments que nous avons exprimés étaient intenses. Puis, samedi, c’était le coup de grâce. Nous avons encore baisé mais cette fois, c’était tellement émouvant, tellement intime. Nous n’avions pas de relations sexuelles, j’avais l’impression que nous faisions l’amour.

Le dimanche matin est arrivé et j’ai dû rentrer chez moi, mettant fin à l’une des semaines les plus émouvantes de ma vie. J’avais mal pendant le trajet en bus, la perte de notre proximité était difficile à supporter. Je l’ai emballé du mieux que j’ai pu, mais je savais que j’étais accro. On a recommencé nos interactions habituelles, se voir en classe ou autour de bières mais ce n’était pas pareil. Je voulais retourner chez elle, je voulais vivre là-bas, je voulais dormir dans son lit.

Puis, elle a partagé, autour de deux Guinness, qu’elle avait passé un moment incroyable avec une autre amie. Même si elle n’a pas expliqué ce qui s’est passé, j’ai pu comprendre que c’était une nuit dont elle se souviendra. Je suis resté amical et engagé du mieux que je pouvais, mais au fond de moi, je préparais un mélange plus sombre que la boisson que j’avais à la main, j’étais jaloux.

L’émotion laide m’a suivi tout au long de la semaine, obscurcissant fortement mon esprit et pesant sur mon cœur comme je ne l’avais jamais ressenti auparavant. Bien que j’étais heureux pour elle d’avoir vécu ce moment spécial, je ne pouvais pas m’empêcher de comparer mon temps avec elle, même si je savais que c’était injuste. Quand je n’ai pas pu supporter la pression, je lui ai dit mon amour pour elle et ma jalousie de son aventure.

Je craignais sa réaction, m’attendant à ce qu’elle s’éloigne alors que je l’effrayais avec ma confession ou, pire, qu’elle mettrait fin à notre amitié. À ma grande surprise, elle a été catégorique avec moi, bien qu’elle ait précisé qu’elle ne cherchait pas une relation amoureuse avec moi. J’étais ami-zoné de la manière la plus attentionnée que j’aie jamais connue.

Cela nous ramène à aujourd’hui, mes amis m’ont amené à la plage pour m’aider à changer d’avis, à me détendre des émotions qui m’ont submergé depuis cette soirée. Je l’ai vue alors qu’elle entrait avec un groupe de mecs, tous plus masculins et plus beaux que moi. Elle leur fait de larges sourires, elle partage tant de rires, elle s’en rapproche.

Ma jalousie est à son comble, à l’idée qu’elle flirte avec les autres. J’aurais pu partir, j’aurais pu me déplacer pour faire face dans l’autre sens mais je cherche obstinément où je pourrais garder un œil sur elle, me blessant pendant les trois heures suivantes.

Alors que je termine ma sixième bière de l’après-midi, je la vois embrasser l’un des mecs, se lancer dans un baiser français à fond alors qu’elle grimpe sur son maillot de bain serré et révélateur. Cela me brise le cœur, vide mon cerveau d’espoir et laisse ma jalousie traverser mon corps. Ce qui m’évite d’exposer mes émotions à tout le monde, c’est la pluie soudaine et intense, masquant la douleur qui coule sur mon visage.

Alors que chacun se dépêche de faire ses valises, je reste sous le torrent d’eau, face aux nuages ​​sombres pour laisser mes émotions se mêler à la pluie. Je pleure et sanglote à cause de ma perte, du destin cruel, de mon incapacité à m’en remettre. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça mais je sens finalement une présence à côté de moi.

J’entends Shelsea dire : « Jonathan, pourquoi restes-tu sous la pluie ? »

J’ouvre les yeux, effleurant le mélange de larmes et d’eau, pour jeter un coup d’œil à mon ami intime. Elle me regarde avec des yeux inquiets, comme si elle savait ce que je traverse. Lentement, elle tend sa main, la mouillant alors qu’elle sort de la protection du parapluie.

Je suis à la croisée des chemins. Je pourrais lui refuser la main et continuer à bouder sous la pluie, blessant très probablement sinon détruisant ma relation avec elle. Je pourrais aussi le prendre et me lever pour me tenir à côté d’elle, prenant l’aide qu’elle semble offrir. Je le regarde pendant quelques secondes, pesant si je dois prendre le chemin le plus facile ou le plus ardu.

En fin de compte, je choisis ce dernier car je ne peux pas penser à ma vie sans l’avoir. Elle a été un phare de lumière depuis qu’elle est entrée dans ma vie, m’aidant à naviguer sur des routes difficiles. J’ai aussi été là pour elle, la guidant quand elle avait besoin d’aide, ne reculant jamais quand elle avait mal.

Prenant sa main, je me lève et me tiens sous son parapluie, un sentiment de soulagement hésitant me traversant. Nous rassemblons mes possessions humides, discutant maladroitement car nous savons tous les deux pourquoi je suis resté sous le déluge. Le sourire tendu que nous échangeons est plein d’espoir que nous pourrons faire fonctionner notre amitié, que ce n’est qu’un hoquet dont nous pourrons rire dans quelques années.